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Version Française Site web dédié à la tempête de verglas qui s'est abattue sur Montréal, Québec, Canada du 5 au 9 janvier, l998 et ses suites.
Journal de la Tempête de Verglas l998
Veuillez faire notr de cette page car je la mettrai à jour quotidiennement aussi longtemps que les événements le justifieront. Si vous avez des commentaires , questions ou critiques envoyez-moi un courrier électronique ici. J'ai ré-édité le texte plusieurs fois afin de corriger des fautes d'orthographe et autres. Merci à AOL qui m'a accordé un mois de crédit! Ce site a été créé sur Macintosh utilisant Adobe Pagemill. Voici quelques faits et chiffres qui j'espère vous feront réaliser le sérieux de la situation. La tempête entraîna plus de 30 morts au Québec seulement. On envisage encore d'autres problèmes de santé dus aux blessures occasionnées par la glace, aux effets du stress à long terme, à l'hypothermie et aux émanations toxiques de certains appareils de chauffage utilisés pendant la tempête. Des miliers d'animaux de ferme sont morts ou ont été abattus à cause de maladies , d'hyperthermie ou d'hypothermie. James R. Fleming, professeur associé de science au Colby College du Maine, USA, et président du Historical Committee of the American Meteorological Association a dit au sujet de la tempête qui frappa le nord-est des Etats-Unis et du Canada " " Rien de tel n'est arrivé jusqu'à présent pendant ce siècle. Nous avons vécu un événement historique - dont vous parlerez à vos petits-enfants. Cette tempête sera dans les manuels de météorologie - même les manuels d'histoire- comme example d'une des plus grandes tempêtes de verglas enregistrées " Le professeur Fleming a ajouté que l997 avait été , d'après les statistiques, l'année la plus chaude globalement, mais un refroidissement dans l'hémisphère nord a contrebalancé les températures en Amérique du nord pour les ramener à des moyennes normales. Fleming dont le second livre doit sortir au printemps, a dit que le réchauffement global n'était pas la cause des conditions spéciales qui ont entrainées la tempête mais bien el Nino. (condensé d'un article que vous pouvez lire entièrement ici historique) Selon un article dans le Hartford Courant "NU Crews Return From Battle Up North" écrit par Larry Smith le 25 janvier, 1998: Jarvis Langelier d'Hydro Québec cite " plus de 20,000 milles de fils de transmission ont été détruits ainsi que 60,000 milles de cables de distribution. (l'emphase est personnelle). Voici une autre citation d'un des 247 travailleurs du Connecticut Northeast Utilities qui ont aidé Hydro Québec pendant les dernières semaines. " C'était comme si on travaillait dans une zone de guerre a dit Jim LaChance, administrateur de la restoration du système. " Litéralement à 100 milles carrés, il n'y avait pas de courant. Dans mes 27 annés d'expérience, je n'avais jamais vu cela. L'article du Hartford Courant Archive peut être consulté ici. - 130 Grands pylônes pour transformateurs de 735 Kilovolts détruits - 60 Pylônes pour transformateurs de 315 kilovolts détruits - 80 Pylônes pour 120 kilovolts détruits - 25,000 mâts de transmissions détruits - 60 % des 6 millions de résidents du Québec ont perdu leur courant à un moment donné pendant la tempête. - 1 résident sur 4 s'est réfugié dans sa famille ou chez des amis - 1 résident sur 4 a dû héberger de la famille ou des amis - 40 % des résidents ont perdu l'électricité pendant plus d'une journée, plus de 10 % pendant plus d'une semaine. Au 27 janvier, trois semaines après la tempête, il y a des maisons qui n'ont toujours pas de courant. - les estimés des coûts : 2 miliards de dollars canadiens seulement pour la province de Québec. - les chiffres cités ici viennent de La Presse, The Montreal Gazette et du Toronto Globe and Mail. Dépêche Militaire Canadienne " Opération Récupération" Les autorités provinciales du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick ont demandé l'aide des forces canadiennes. Le nombre total de personnel militaire déployé a atteint un maximum de 15, 875 ( plus 3,741 réservistes ). Approximativement 200 unités des forces canadiennes ont participé à cette opération, leur plus grande opération d'asistance humanitaire en temps de paix. En comparaison, 15, 930 membres des forces armées canadiennes furent déployés aux Olympiques de Montréal en l976 et 8,612 au Manitoba pour les inondations de l997. Merci Montréal pour le courage et la générosité de tes habitants; la vie est presque redevenue normale. Une crise qui aurait détruit n'importe quelle autre ville nous a permis de prouver au monde notre débrouillardise et notre capacité d'adaptation. Bravo! Il y a eu tellement de héros locaux et d'aide de l'extérieur qu'il est impossible de tous les remercier. Vous savez qui vous êtes et le sentiment de votre devoir accompli d'une façon si excellente ne peut que vous durer toute votre vie. Nous savons qui vous êtes et nous vous remercions du fond du coeur. Exceptionnellement, je vais mentionner un endroit près de chez moi et cher à mon coeur. Merci Loyola High School. Vous avez rayonné comme un phare d'espoir et d'humanité . Les choses auraient pu être pires. Nous avons fleuré la catastrophe et nous ne saurons jamais les détails. ( Et si Montréal avait perdu tout son courant? Combien de temps cela aurait-il pris pour raccorder toutes ces maisons? Jours, semaines...En plein hiver...Où les gens se seraient-ils réfugiés? À Toronto? ) Je devinestime que la puissance et le poids de la glace accumulée était mesurés en kilotons; nous parlons de chiffres de bombes atomiques et de bombes à hydrogène. Je devinestime que la tempête de verglas a atteint une région de plus de 25,000 milles carrés. Le but de ce site est de provoquer la réflexion. Prenez le temps de le lire et peut-être vous apprendrez quelque chose.
Une tempête de verglas s'est abattue sur une grande portion de l'Amérique du Nord le 5 janvier l998. L'est de la province de l'Ontario, l'ouest du Québec et du Nouveau Brunswick furent les plus touchés. Le nord des états de New-York, du Vermont, du New Hampshire et du Maine furent également durement touchés. CARTES La tempête a duré 5 jours et 4 nuits et a détruit des arbres et des installations électriques. A certains endroits , la glace accumulée mesurait un pied d'épaisseur. Les tours écrasées comme des jouets, les mâts cassés comme des allumettes, certaines parties de Montréal sans courant pendant une dizaine de jours, la réserve d'eau potable en danger d'épuisement et trois des ponts fermés ; ceci résumait la situation. Des refuges furent ouverts pour la population qui avait perdu l'électricité. La température après la pluie verglaçante retomba aux températures normales; très froides. Par deux fois, la ville entière faillit manquer de courant et d'eau. La Rive-Sud de Montréal, une région surnommée le Triangle Noir, est encore ( 30 janvier) sans électricité. Les prédictions oscillent entre la fin de janvier et le début de février pour certains endroits critiques. Nous parlons ici d' environ 10,000 personnes. Les troupes canadiennes au nombre de 15,000, furent appelées pour garder l'ordre et aider à la restauration du courant. Depuis le 23 janvier, la situation s'est normalisée sur l'île de Montréal. J'ai mis cette page web parce que je crois que la situation a été minimisée et que les médias canadiens et internationaux l'ont à peine couverte. Je crois que cette tempête nous aura coûté et nous coûtera des milliards de dollars dans les prochaines dix années. Je crois aussi que nous pouvons et devons tirer des leçons de cette catastrophe. C'est , d'après moi, la première étape d'une guerre écologique; et nous sommes l'ennemi. Je ne veux alarmer personne mais veux vous informer de ce que j'ai vu et vécu. Tous les textes et images ,sauf noté, sont de moi. J'ai essayeé d'être le plus exact possible, mais exténué et avec le temps qui passe, j'ai déjà beaucoup oublié , soyez indulgent et excusez-moi. ( envoyez-moi un courrier electronique si vous trouvez un détail ou une date sur lequel vous n'êtes pas d'accord et je ferai mon possible pour le corriger E-MAIL) Les opinions exprimées sont les miennes sauf si noté à l'effet du contraire. Si vous reproduisez une partie ou tous les textes et images sur ces pages web pour quelque raison que ce soit, ayez l'obligeance de m'en donner le crédit car je ne veux pas enrichir les avocats. Si vous faites ceci pour une raison non commerciale ou educative, je ne vous chargerai rien. Vous pouvez aussi copier cette information pour votre usage personnel. Parlez-en à vos amis si vous avez aimé cette page.
( J'ai omis les noms de famille des gens afin de protéger leur intimité. Chaque personne a eu une expérience différente, ceci est seulement un des points de vue .) Vendredi le l6 janvier, l998, en ce moment, j'ai une allonge de 100 pieds qui me relie à la maison de mon voisin. Cette allonge me permet de faire fonctionner ma fournaise ou mon ordinateur portatif. Je suis assis dans mon sous-sol dans le noir sauf pour la lumière de mon écran et la lampe témoin de ma fournaise au gaz. Mon ordinateur est sur mes genoux et je commence à sentir le froid qui enveloppe ma maison et mes pieds alors, je serai bref. Je crois que je vis un des plus grands désastres écologique -la tempête de verglas -de l'histoire de Montréal et de la province. C'est peut-être aussi le plus grand désastre écologique de l'Amérique du Nord car il a affecté tout le nord-est des Etats-Unis ainsi que trois provinces canadiennes.CARTES Je vais toucher aux phénomènes météo,à la tragédie humaine, aux conséquences économiques et aux implications politiques telles que je les vois afin que vous puissiez comprendre ce qui s'est passé et ce qui se passe encore. Permettez-moi de partager avec vous mes expériences personnelles. Malheureusement j'habite dans une des parties de Montréal les plus touchées et j'ai une maison dans le triangle noir. Les conditions normales au Canada sont rudes. Les tempêtes de neige qui paralyseraient tout autre ville, nous acceptons comme ordinaires. ( Je me souviens avoir visité Washington , D.C. lorsqu'on avait fermé la ville pour l pouce de neige; une accumulation de 20 pouces ralentirait peut-être Montréal. ). Lors de ma première visite à Montréal, la neige tombait à l'horizontale et personne ne paraissait s'en soucier! Une des beautés du Canada est la blancheur pure du froid de ses hivers. Au moment où j'écris ceci, des mille personnes au sud de Montréal sont sans électricité, sans chaleur, sans téléphone et sans communications. Dehors il fait 20 degrés centigrades sous zéro et avec le facteur vent la température est calculée à moins 40 degrés. J'habite à Montréal, Canada, ville hôte de l'expo 67 et des Olympiques d'été de 76. C'est une ville cosmopolite moderne de plus d'un million d'habitants , une heure de la frontière des Etats-Unis. Mais la situation est meilleure que la semaine dernière quand près de 2 millions étaient sans courant. J'ai de la chaleur mais j'attends encore que ma ligne électrique soit raccordée. Il y a une semaine une branche est tombée sur mon fil et a coupé le branchement avec Hydro-Québec. Présentement, la plupart des maisons ont à nouveau de l'électricité sauf pour moi...quelle chance! Mon voisin, un expert en satellite de communication, m'a aidé à repartir ma fournaise au gaz en branchant un convertisseur DC à AC dans mon briquet de voiture et ensuite en raccordant ma pompe à eau. Comme d'autres voisins se servaient du même système pour empêcher leurs tuyaux d'éclater au gel , je ne pouvais me servir de ce système que 4 heures avant de le passer à la prochaine personne. Mais cela suffit à faire monter la température de ma maison de 3 degrés à 10 degrés centigrades ce qui sauva mes tuyaux. Merci Brian pour ton aide et merci à Ilias de m'avoir prêté de l'électricité. J'ai fait l'expérience de plusieurs types de climats et de phénomènes météorologiques. Ouragans, tornades, innondations et vagues de chaleur. Il y a deux ans, j'étais à Phoenix lorsque la température est monté à 120 degrés Farenheit, 50 degrés centigrade. C'était comme mettre sa tête dans un four, littéralement. Mais, à l'ombre on pouvait survivre. J'ai vécu dans des climats différents de tropical à tempéré, mais maintenant j'habite au Québec où la température va de plus à moins 40 degrés centigrade. ( Et croyez-moi, je préfère plus 40! ) Les hivers ici sont rudes et nous sommes habitués à y faire face. Au fil des ans, j' ai vu plusieurs tempêtes de glace. Mais aucune comme celle que nous venons de vivre il y a une semaine. Les météorologues avaient prédit un hiver plus chaud que normal au Canada à cause de El Nino et du réchauffement global. Certaines personnes s'étaient imaginé en plaisantant, la Floride au Québec, en plein hiver. Mais Dame Nature ne plaisante pas. ( Cette tempête était annonçée dans l'almanach des fermiers. ) Peu après le Jour de l'An, comme il faisait anormalement chaud, il se mit à pleuvoir au lieu de neiger. Et c'est là que tout commença. Il plut pendant 4 jours sur le sol glacial. Au début c'était intéressant. Mark Twain n'est pas le seul qui considère les tempêtes de verglas comme merveilleusement belles! Habituellement après une journée et une mince couche de glace, le tout fondait. Pas cette fois-ci. Comme un invité ennuyeux qui ne part pas, la pluie continuait sans arrêt. Les régions affectées s'étendaient de l'est de l'Ontario, à travers Montréal, l'ouest des Maritimes et les états de New York du New Hampshire et du Vermont. Une météorologue du Vermont parla de température inversée; L'air en montagne était chaud alors qu'en plaine c'était le gel total. Pour ceux qui n'ont pas eu la joie de faire l'expérience d'une tempête de glace allez au congélateur et sortez un cube de glace. Un cube de glace est environ un pouce d'épais. Maintenant imaginez cette glace recouvrant toute votre voiture. Imaginez qu'à chaque fois que vous prenez la voiture vous devez à nouveau enlever une couche de glace. Et chaque couche de glace s'ajoute aux autres déjà sur les arbres, les rues,les trottoirs... Après deux jours, la télé parlait de glace d'une épaisseur d'un pied. Et alors, les arbres se mirent à craquer et à tomber. Le soir, on voyait des éclairs ( électricité statique? ) puis on entendait un bruit fracassant. En regardant par notre fenêtre, on voyait que l'une après l'autre, les branches de notre érable tombaient. L'une des branches tomba sur une voiture garée devant notre maison et fracassa son pare-brise arrière. Mais le pire était à venir. Je n'ai pas vécu l'expérience de la guerre mais j'imagine que cela doit y ressembler.Imaginez le son de centaines d'arbres qui craquent et qui éclatent. Au sud de Montréal, mon beau-frère essayait de passer la nuit en comptant jusqu'à cinq sans entendre le son d'un arbre qui craquait, en vain. Les arbres plus flexibles tels les bouleaux pliaient mais ne rompaient pas. Mais le pire était à venir. Comme les arbres tombaient sur les fils électriques et téléphoniques des pâtés entiers de maison se retrouvaient sans électricité. Les pannes d'électricité duraient quelques heures puis le courant revenait. Mais, il faisait encore chaud, trop chaud. La pluie recommença puis encore de la glace et pour couronner le tout, de la neige. Apocalyptique! Les branches d'arbres centenaires tombaient et barraient les rues. Le maire parlait d'un désastre écologique. Montréal perdait ses arbres branche à branche. On ne savait plus où se garer car les arbres en tombant démolissaient tout. La nature était en guerre avec l'homme. Mais le pire était à venir. Par précaution, on ferma les écoles. Les commerces fermaient leurs portes ou fonctionnaient avec des générateurs. Le courant disparaissait et apparaissait sans raison apparente. Mais le centre-ville de Montréal était intact. On essayait tout de même de partager le courant parmi les abonnés. Apeurés par une rumeur disant que le centre perdrait aussi le courant, les bureaux et commerces fermèrent tôt.Par contre certaines parties de Montréal ne perdirent jamais le courant et les habitants de ces quartiers regardaient incrédules ce qui arrivait au reste de la ville. La panique, la peur et les rumeurs, envahirent la ville; les cheminées décoratives devinrent le centre des maisons sans courant. Les amis avec de l'électricité invitèrent les amis et voisins sans électricité pour partager leur chaleur et leurs repas. Ailleurs, à côté, la vie normale continuait. Cinémas, restaurants qui avaient encore du courant continuaient leur train-train habituel pendant qu'autour d'eux la ville se mourait. Certains disent que la fin du monde se fera sans bruit. Un bruit glacial? Il y a plusieurs années , j'ai vu un film de science-fiction qui se passait dans le futur. La pollution et la guerre avaient détruit l'humanité. Dans une ville couverte de neige ( ironie, le film était filmé à Montréal dans les anciens édifices de l'expo 67...) quelques durs à cuire essayaient de survivre. La réalité se mit à ressembler à la fiction. Les lumières de la ville dans des quartiers entiers s' éteignirent au son des plaintes des enfants qui se demandaient quand ils pourraient regarder la télé ou jouer sur leurs ordinateurs. La nuit, le familier était devenu étrange. Dans l'obscurité brisé ici et là par les lueurs des chandelles, l'espoir que cela finisse bientôt disparaissait. Le pire était à venir. Les grands vents se mirent à souffler. La température se refroidit. Les tours électriques se mirent à craquer et tombèrent comme des pantins désarticulés.Trois des ponts de Montréal furent fermés la glace rendant la traversée de ceux-ci trop dangereuse. L'aéroport et les hôpitaux se maintenaient grâce aux générateurs. Deux des trois usines de filtration de Montréal perdirent leur courant. On devait faire bouillir son eau et la conserver . Finalement, les autorités se décidèrent à agir. On appela l'armée, on ouvrit des refuges pour les habitants privés de chaleur et d'électricité, on discuta des mesures d'urgence. Mieux vaut tard que jamais. Mais cela parut inadéquat. La presse essaya de montrer des images mais le monde était incrédule. Montréal essuyait une tempête de verglas? Et puis, c'était l'hiver au Canada, était-ce si inhabituel? Cette catastrophe ne faisait pas des centaines de morts, pas d'éruptions, pas de maisons écroulées. Seuls des centaines d'arbres craqués comme des allumettes et jonchés partout dans les rues d'une grande métropole. La série de pylônes écrasés fit la une du New York Times mais c'est tout. Etrangement, personne ne comprenait l'ampleur de la tempête de verglas. Les maisons étaient encore debout, les commerces et routes étaient encore là. Pour les médias assoiffés d'images qui feront monter les cotes d'écoutes, Montréal semblait normal. Pourtant, le soir, Montréal ne brillait plus de mille feux, un peu comme si une bombe au neutron était tombée et avait épargné tous les édifices. L'impact humain était difficile à réaliser sauf si on s'approchait des gens . Il fallait aller à un refuge.
( J'ai omis les noms de famille afin de protéger l'intimité des gens dont je parle ) Au cours des ans, j'ai connu plusieurs expériences douloureuses tant physiques qu'émotionnelles. Jusqu'à présent la naissance de mon fils avait été l'événement le plus significatif. Jusqu'à l'expérience du refuge. Une amie qui travaille pour la ville de Montréal nous appela le deuxième jour de la tempête pour mentionner que Loyola High School allait servir de refuge pour les gens du quartier qui n'avaient pas d'électricité et de chauffage. Ma femme et mon fils décidèrent de devenir bénévoles pour aider au refuge car c'était l'école de mon fils. ( Nous apprîmes plus tard que les pères jésuites avaient contacté la ville de Montréal afin d'offrir leur école parce qu'il y avait encore l'électricité. Par contre, il n'y en avait plus dans leur résidence mais ça c'est une autre histoire...) Lorsque ma femme me téléphona cet après-midi là, sa voix rayonnait même au téléphone. Je compris qu'il se passait quelque chose et au lieu de combattre, je décidai de m'y joindre et quittai ma maison où il y avait encore l'électricité et me rendis à l'école un coin de rue plus loin. La tempête faisait encore rage; le verglas recouvrait tous les arbres. En arrivant à l'école, je vis une tranformation radicale des installations; le gymnase où des ados suants faisaient habituellements leurs classes et où avaient lieu leurs danses avait été transformé en un camp militaire. On installait d'étroits lits de camp , on plaçait des chaises et des tables et le gymanse séparé en deux était divisé entre l'endroit où on dormait et l'endroit où on mangeait et on parlait. L'équipe de concierges étendait les protecteurs de plastiques sur le plancher. Le chaos régnait avec les premiers bénévoles qui essayaient de mettre de l'ordre alors que les premiers réfugiés s'installaient. Je n'avais jamais rien vu de pareil sauf aux informations à la télé. Dans les années cinquante, lorsque j'habitais en Allemagne, ma mère avait aidé les réfugiés hongrois et sa description du chaos m'avait semblé étrange sinon fantastique. Et voici que j'étais à un coin de rue de chez moi et je voyais mes voisins qui venaient se protéger du froid. Ma femme me fit signe de la cuisine. Cette cuisine était utilisée pour réfrigérer les boissons pendant les danses et réchauffer la nourriture pour les soupers des parents. La cafétéria de l'école était approvisionnée par un traiteur. Mais bientôt, on allait préparer des repas pour plus de 400 personnes. Je m'aperçus bientôt que ma famille était devenue des bénévoles... Mon fils travaillait . Cet ado de 15 ans que l'on doit forcer à ramasser ses vêtements avait été transformé en jeune homme responsable. On lui demandait de traduire pour un réfugié francophone, d'amuser les enfants, de porter ceci ou cela. Ma femme s'était installée dans la cuisine forte de sa position sur le comité d'hospitalité des mères d'élèves et du fait qu'elle enseignait à Loyola et avait toutes les clefs des armoires. Je me rendis compte qu'il y avait un travail parfait pour moi qui me premettrait de me venger et de garder un oeil sur ma femme ; les déchets! Alors que les bénévoles et les réfugiés remplissaient le gymanase, les déchets s'étaient accumulés. Les concierges avaient déjà trop de travail pour s'en occuper. Dans la cuisine , je m'emparai d'une paire de gants de latex et me mis à l'ouvrage. Je me dis que deux pouvaient jouer à ce petit jeu; qui est le meileur bénévole. Après tout cela ne durerait pas et on pourrait bientôt retourner à notre vie normale ( cela n'allait pas se réaliser si vite...) La prochaine fois que je deviens bénévole, je vais choisir une île au soleil où chaque heure de belles jeunes femmes nous servent des boissons fraîches. Ouais, on peut rêver, non? Je devins donc un bénévole involontaire, gardant un oeil sur ma femme et mon fils tout en étant un ingénieur sanitaire. Je commençais à reculons et continuais parce qu'alors nous avions perdu l'électricité et mon ordinateur ne fonctionnait plus. Par contre, en me dévouant pour les autres, je découvris le contentement profond que cela apporte. ( Je crois que je devins vraiment un bénévole passionné lorsque la première nuit avant de rentrer chez moi, j'aidai une jeune femme et son bébé qui cherchaient le refuge sans en trouver l'entrée. ) J'étais fortuné dans mon malheur. Je travaillais au refuge puis je me rendais chez moi pour vérifier la maison et je faisais le tour des voisins pour voir qui avait besoin d'aide. Quelquefois, je me rendais dans le monde normal; dans certains quartiers les restos et les centre-d'achats étaient tous ouverts. A cause du stress, et des changements constants pendant cette période le temps semblait passer très lentement et aussi très rapidement. Au début, le refuge se remplit doucement. Puis, comme les gens se mirent à réaliser que cela allait durer plusieurs jours, ils marchèrent sur leur orgueil et vinrent se réfugier à l'école. Personne n'était prêt à l'ampleur de la situation. Cela ne devait durer que quelques jours... Mais la tempête continuait et de plus en plus de maisons perdaient l'électricité. On se réfugiait chez les amis et dans sa famille ou au refuge. Tous pouvaient venir à Loyola et s'il y avait une limite aux gens admis pour dormir, n'importe qui pouvait venir manger et se réchauffer pendant la journée. Au début, je regardais les réfugiés avec dédain mais à mesure que je vis des voisins, mon attitude changea. Les visages de mes voisins, de connaissance qui venaient aux parties de soccer de mon fils, les visages d'amis . Et lorsque nous perdîmes l'électricité, je devins un de ces réfugiés. Le deuxième jour les vautours arrivèrent;les politiciens et les journalistes. La souffrance humaine ça se vend bien, que ce soit au Biafra, en Bosnie ou dans votre cour. Et ces réfugiés pouvaient voter! Excusez-moi si j'apparais cynique, ils ne faisaient que leur travail. Certains avec ineptitude, d'autres avec courage. J'avais pensé faire un document de cette expérience avec une caméra mais après le premier jour, j'étais engagé émotionellement et cela m'apparaissait comme si j'allais filmer un parent malade. Il est étrange d'être le sujet des informations. Les journalistes et tout leur bataclan se pointèrent au refuge. Certains des bénévoles et des réfugiés devinrent les vedettes de l'heure. Ceux qui travaillaient se tinrent éloignés du cirque. Les politiciens soudain pullulèrent ; ils étaient là pour servir leurs électeurs. Leurs demandes de nourriture et de bénévoles furent certainement suivies. Seul le temps sera le juge des actions de certains politiciens. Un jour , j'espère voir les vidéos qui ont été fait du refuge. A cette heure le sujet est encore trop près de mes émotions. Je me souviens plutôt de certaines capsules enroulées dans le temps que j'aimerais partager avec vous. Pendant les premiers jours,il y avait un certain air de fête qui régnait chez les bénévoles. C'était comme une grande fête. Les réfugiés ne manquaient pas d'électricité depuis longtemps et avaient pris la sage précaution de venir se mettre à l'abri. Je me souviens d'une famille russe qui semblait avoir l'expérience de ce genre de vie. Ils arrivèrent tôt, se mirent à une table non loin de la cuisine, avaient apporté des cartes et des jeux et ne dérangeaient personne. Leur petit coin était toujours propre et calme. Certains n'étaient pas si faciles à vivre. Les plaintes sur la nourriture ou le manque de nourriture ( non, pas encore du poulet! ) firent surface. Les gens de l'âge d'or furent les plus durement touchés. Habitués à leur petit confort, ils durent s'adapter à leur vie en communauté pas toujours agréable surtout pour ceux qui vivent seuls. ( Il y eut quelques insuffisances cardiaques ). Je guidai une femme souffrant d'hypothermie et qui tremblait comme une feuille vers les infirmières du CLSC et l'ambulance fut appelée pour l'emmener à l'hôpital. On se souvient tous de " l'accumulatrice". Elle prenait tout en double et en triple et plaçait le tout devant elle sur la table au cas où... Une dame agée vint avec son oiseau en cage. Lorsque l'oiseau s'échappa, elle fut désolée mais continua à parler à la cage vide. Mon fils me dit que lorsqu'il servit à manger à un vieil homme celui-ci essaya de lui donner un pourboire. Une des bénévoles me raconta qu'un des réfugiés avait dit que la dernière fois qu'il avait vu une situation pareille était dans un camp de concentration pendant la deuxième guerre mondiale. ( Lorsque les jeunes soldats de l'armée canadienne arrivèrent avec leur sacs à dos et leurs casques, la similitude avec la guerre se confirma. Les jeunes hommes placèrent leur casques sur la tête des enfants très excités pendant que les jeunes filles se précipitaient afin de leur offrir à boire et à manger.) Le plus dur à accepter, c'était de voir les familles avec de tout jeunes enfants. Une mère était venue directement de l'hôpital après la naissance de son enfant. Une autre était enceinte et était entourée de ses 6 enfants. On se demandait si elle allait donner naissance dans le refuge. Les enfants plus âgés étaient très heureux. Leurs parents sous le choc les laissaient faire ce qu'ils voulaient . Ils se trouvaient des amis et on organisait des activités pour eux. Beaucoup mieux que l'école. Et certains d'entre eux étaient de vrais petits diables. Permettez-moi un à côté. La structure sociale du refuge était une entité dynamique changeante à mesure que les circonstances changeaient. Le voisinage autour de Loyola est multiethnique. Je vis donc au refuge des gens de toutes races, couleurs et religions. Les réfugiés étaient aussi de toutes les couches de la société. Comme plusieurs étaient mes voisins, le choc n'en fut que plus grand. Ils parlaient plusieurs langues mais surtout l'anglais et le français. Et on leur parlait tous dans les deux langues officielles du Canada. Et ils s'entendaient tous entre eux. Ce qui confirma ma foi en l'humanité. Les bénévoles étaient des gens très différents. Jeunes, vieux, élèves, mères tous avec un grand coeur. Mais plusieurs n'étaient pas près à vivre cette expérience. Quant à moi je devais quitter plusieurs fois afin de me calmer et de recharger mes batteries. Je ne suis pas habitué à une vie mondaine. Heureusement , j'avais choisi un travail , la collecte des déchets, où les habiletés sociales comptent peu.Chacun d'entre nous fut à la hauteur de sa tâche. Ma femme fut à la hauteur de la situation dans la cuisine où les personnalités s'entrechoquaient. Trop de cuisiniers gâtent la sauce. Sa patiente en prit un rude coup mais en pliant et non en rompant elle montra qu'elle était plus forte qu'on ne l'aurait crû. Elle eut la chance d'avoir autour d'elle une équipe de gens formidables qui devinrent très efficaces dans les jours qui suivirent. Je savais qu'elle se servait de ses habiletés sociales dans son travail d'enseignante mais je n'avais jamais réalisé qu'elle savait si bien négocier. Mais même les gens de bonne volonté ne pouvaient pas faire face à toutes les situations. Certains d'entre eux arrivaient, collaient une étiquette sur leur chandail et se mettaient immédiatement à donner des ordres à tort et à travers aux bénévoles déjà sur place. Trop de chefs pas assez d'indiens ( sans connotation raciale ). Ceci prit fin lorsque le comité de coordination des bénévoles partagea les tâches parmi tous les volontaires disponibles. ( A la radio, le 23 janvier, on demandait des bénévoles expérimentés afin d'alléger le travail des bénévoles exténués dans les refuges de la rive-sud . Je m'imagine l'effet sur le curriculum vitae; bénévole d'expérience! ) Le troisième jour, on me donna même des assistants afin de m'aider à ramasser les déchets. J' eus beaucoup de chance avec les deux premiers, Romain et son frère, deux canadiens-français qui firent 3 heures de trajet pour offrir leurs services. Ils étaient des professionnels de la maintenance et en un tour de main lavèrent et désinfectèrent tous les planchers puis la cuisine au complet. Par leur action, ils empêchèrent la propagation de microbes et prévinrent les maladies. Pendant les jours qui suivirent j'eus plusieurs assistants, à un certain moment un pilote d'Air Canada , un professionnel du Marketing, des élèves et des étudiants ; hommes et femmes. Ils avaient le travail le plus rebutant mais personne ne les entendit se plaindre ou arrêter. Je fus même remplacé lorsque j'allai avec une infirmière (qui était venue nous aider dans son temps libre) chercher d'autres gants chirurgicaux à l'hôpital où elle travaillait. Même l'homme des déchets n'était pas irremplaçable. Les concierges de Loyola n'arrivaient pas à fournir malgré leur travail incessant. Le refuge produisait une quantité phénoménale de détritus. Je ne critique pas l'organisation du refuge car j'en faisais partie. Sans les personnes à la tête de celui-ci, les choses auraient été encore plus chaotiques. Ils essayèrent de faire avec dans une situation extrêmement difficile. Comme le courant ne revenait pas, de plus en plus de personnes se présentaient au refuge. Loyola était litéralement un phare dans la noirceur. Le soir quand je me promenais en auto dans le quartier, je ne reconnaisais plus les rues et les maisons car il n'y avait plus d'électricité nulle part dans cette partie de la ville. Par contre deux rues plus loin, le MacDo fonstionnait à tout rompre et ne perdit jamais l'électricité. Après trois jours, quelques-uns des amis de mon fils vinrent se proposer comme bénévoles à leur école. Leurs parents invitèrent mon fils à venir se réfugier chez eux car ils avaient l'électricité. Il était temps pour mon fils de partir. Les choses se gâtaient car il y avait beaucoup trop de monde au refuge. Lorsque je revins de reconduire mon fils chez son ami, ce soir-là, je remarquai qu'il y avait un autobus qui bloquait le chemin. Curieux et voulant entrer je me dirigeai vers la porte et demandai ce qui se passait. Le conducteur de l'autobus avait un officier de police avec lui et ils me dirent qu'ils allaient transférer une partie des réfugiés vers un autre refuge. Je regardai alors vers la droite et me rendis compte que le gymnase n'avait plus d'électricité. Brève attaque de panique! Je reculai ma voiture et réalisai qu'on avait un autobus pour 500 personnes. Je courus à l'intérieur. Si vous avez vu le film Titanic vous avez fait l'expérience de ce que je trouvai. Le chaos, la noirceur, des lampes de poche, des enfants qui criaient, des viellards qui tournaient en rond. Les bénévoles, la police et les organisateurs calmèrent les gens. ( Ma femme qui était au refuge dans la cuisine lorsqu'arriva la panne, me raconta que les lumières de sécurité s'étaient allumées et qu'on avait continué à préparer le repas avec l'aide des lampes de poches des policiers et en chantant Alouette à capella pour calmer la panique. Mais lorsque j'arrivai ces lumières s'étaient éteintes.) Lorsque j'arrivai, je me mis immédiatement à la recherche de ma femme. En attendant, je me chargeai de toutes nos chose pour dormir et retournai à ma maison pour y prendre deux lampes de poches. . Je retournai pour chercher ma femme et fus reconnaissant d'avoir mis mon fils en sécurité et au chaud. Je retrouvai ma femme et lui prêtai notre lampe de poche de camping afin d'aider à servir le repas. Comme je retournai dans le gymnase, je me mis à parler aux gens pour les calmer. Soudain, je vis un jeune homme assis avec une canne blanche. Il était aveugle. Je demandai à une des infirmières si je pouvais l'emmener à L'Association Montréalaise pour les Aveugles qui était à cinq minutes de là et qui j'espérais avait leur propre refuge et serait en mesure de s'occuper de lui. Je demandai ensuite à Robert , le jeune aveugle, s'il voulait y aller. Il ne voulait pas laisser le compagnon avec qui partageait un appartment. Je trouvai donc ce c ompagnon et il vint en discuter avec lui ( étant partiellement aveugle, je suis très concerné par ce problème). Lorsqu'il acquiesça, je téléphonai au AMA et on me dit de l'emmener immédiatement. Mais j'avais besoin d'aide pour négocier la promenade sur la glace du refuge à la voiture et de la voituge au refuge. Robert était un homme grand et fort et j'avais peur de tomber avec lui sur la glace. Lorsque je revins vers Robert, après avoir négocié une dangereuse incursion aux toilettes ( je ne sus jamais si j'étais bien dans les toilettes des hommes...) dans le noir total, le coordinateur des volontaires avait trouvé une jeune fille pour m'aider. Désolé, je lui dis, mais j'ai besoin de quelqu'un de plus fort ( J'espère que les femmes ne m'en voudront pas , j'aurais refusé un homme trop petit . ) Le destin mit sur mon chemin un des entraîneurs de l'école Loyola. Le trajet se fit très bien et Robert fut accueilli par le AMA. Pendant ce temps, au refuge, la police avait maintenant la responsabilité du refuge parce que la perte de courant avait mis le refuge dans un état d'urgence. La ville de Montréal envoya un générateur mais cela pris plusieurs heures avant que les lumières ne reviennent. Entretemps, on avait évacué le trop plein de réfugiés vers d'autres refuges et plusieurs bénévoles étaient partis s'occuper de leurs problèmes. Ce fut une purge sauf pour les ceux qui restèrent pour le meilleur et pour le pire comme nous. Les gens qui restaient connaissaient leur affaire. Tout ce dont on avait besoin était acheminé et chacun savait à qui s'adresser pour avoir quelque chose. D'autres refuges avaient été ouverts dans le reste de la ville. L'expérience est une dure maîtresse. Ce que j'ai appris au refuge, un peu à contrecoeur, me servira si jamais je suis dans une autre situation d'urgence. Puis, nous dûmes fermer le refuge. L'électricité était rétablie un peu partout. Les gens retournaient peu à peu chez eux. Ce fut difficile pour les bénévoles de cesser la vie intense qu'ils avaient vécu depuis 8 jours. Je dus arracher ma femme de sa cuisine. Quelques petites pannes d'électricité nous firent même sourire lors du dîner d'adieu des bénévoles. Nous étions des bénévoles expérimentés! Ma femme et mon fils ont naturellement des souvenirs différents. Nous étions unis comme une famille, rapprochés par une expérience commune hors du commun. Les gens que nous avons aidé, les volontaires avec qui nous avons travaillé et les gens de la ville qui travaillaient avec nous sont devenus une grande famille. Ma femme et moi avons même eu le temps de parler à certains réfugiés, la dernière journée. Pendant les journées de travail intense cela n'avait pas été possible. En particulier, Marion, une femme de 90 ans, dont je me souviens parce qu'elle possédait une beauté intérieure que nulle chirurgie plastique ne peut créer et parce qu'elle était si humaine. Elle avait emmené son petit caniche gris et je les avais vus ensemble une paire un peu abandonnée . Comme on peut se tromper lorsqu'on juge sur les apparences! Je les vis encore l'avant-dernière journée, elle était couchée sur un de ces lits de camps si inconfortables. Ayant un peu de temps je me dirigeai vers elle. Ma femme me vit et fit de même.Marion nous raconta un peu de sa vie; maîtresse d'école dans les cantons de l'est, descendante de loyalistes qui avaient quitté les Etats-Unis après la Guerre de la Révolution. Son père travaillait dans l'industrie forestière. Il se servait d'une gaffe pour disloquer les accumulations de billots sur les rivières,sautant agilement sur les billots. Un jour , il tomba au milieu des billots et se cassa une jambe. Miraculeusement, il s'en sortit. Hors de l'eau glaciale, il remit la fracture, se fit une attelle et rampa jusqu'au village. Il survécut mais était en piteux état. Sa femme l'aida dans sa convalescence et refusa la charité qu'on lui offrait. Sans argent, elle devint se mit à laver le linge du village et comme dit Marion, " détruisit ses belles mains". Que Marion soit dans notre refuge me rendis triste et joyeux à la fois. Je ne l'aurais jamais rencontrée sans la tempête et nos vies ne se seraient pas effleurées. Notre monde moderne de communications semble nous éloigner du contact humain. Depuis mon travail de bénévole, j'essaie de toucher les gens. Je crois que j'ai changé. J'espère pour le mieux. On a découvert un bon côté à cette situation catastrophique. |